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Slow Chair, R. & E. Bouroullec / ©VITRA

On est parti avant la fin. Pas bien. On a limité la casse en s’éclipsant discrètement, nos chaises étant situées à proximité de la sortie. On n’a pas fait trop de bruit en se levant. Pourtant, on y allait motivés à la rencontre avec le designer Erwan Bouroullec, dans les locaux d’Architecture-Studio, à deux pas de la Bastille (Bastille, lignes 1, 5 & 8). Les petits fours n’étaient pas notre curiosité première ce soir-là. On pensait d’abord à avoir le regard d’un talent du design sur sa discipline, l’architecture, l’urbanisme, l’évolution des comportements, des modes de vie… On s’est planté. On a plutôt navigué entre l’erreur de casting et le hors sujet… En arrivant, à 18h27 “environ”, Bouroullec a d’emblée réclamé un café : “je n’ai pas eu le temps de déjeuner”. Ça démarrait bizarre… Puis, il est revenu dans la salle de conférence, s’est installé derrière un bureau, a commencé à faire défiler des images sur un PowerPoint et à les commenter. C’est là que les choses se sont gâtées. On s’est subitement vu projetés dans une étrange dimension en mode confusion. Avec des évocations du magazine de bricolage que son père lisait dans les années 1960, une ode au kit et à ce que l’on peut monter soi-même, deux ou trois choses sur les notions de performance, mobilité, légèreté… Un vaste fourre-tout sans fil conducteur, ni décodeur.

J’ai vu une fille bâiller dans les premiers rangs…

On aurait apprécié que la Madame Loyale, qui avait amorcé la conférence, reste dans les parages pour quelques relances, poser des questions, recentrer le débat, inciter la salle à réagir. Rien de tout cela. Le public, composé en majorité d’architectes, ne bronchait pas. Il écoutait. Stoïque. Peut-être médusé. En tout cas, incapable de manifester un quelconque avis ou toute autre réserve. Par peur ? Par fainéantise ? J’ai vu une fille bâiller dans les premiers rangs : époque formidable… On est donc parti au bout de vingt minutes “environ”. En quittant la salle, on a assisté à l’arrivée des petits four sur une immense table, voisine de la machine à café collective de l’agence. On n’a même pas attendu que la boîte estampillée “charcuterie” soit ouverte. Mon complice de ces “grandes virées” du soir l’a immortalisée. Puis, on s’est barré. C’était le jour du poulet-purée au Tournon. Entre les deux, il n’y avait pas photo. Mais juste la Seine à traverser.