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Il aime les cimetières. « Surtout celui de Passy, pour la vue sur Paris et la tombe de Manet ». Mais il connaît aussi la rue Emile Richard, celle qui coupe en deux le cimetière du Montparnasse… Autre de ses lieux de prédilection et d’inspiration : le musée dermatologique, dit « musée des horreurs », de l’hôpital Saint-Louis. Ici, quatre mille moulages en cire répertorient des pathologies telles que la syphilis, la gale ou la lèpre. Ame sensible s’abstenir… mais Régis Descott, lui, en redemande pour alimenter ses bouquins. « Romancier du bizarre », comme cet ancien élève de Saint Jean de Passy aime se définir, ses histoires sont teintées de noir. Tueurs, cadavres, fantômes, psy aussi, se mêlent, s’emmêlent. L’écrivain s’amuse à les manipuler pour mieux bluffer le lecteur. « J’écris depuis que j’ai 12 ans », confie-t-il face à une « Kro » au Tokyo Eat, le resto du Palais de Tokyo, près de chez lui à Paris. Après un passage éclair à Dauphine, il intègre une école de commerce, puis devient journaliste. « Au Figaro Etudiant, pour la presse masculine, pour le groupe Emap, détaille-t-il en vrac. Mais je m’ennuyais. La seule chose qui m’intéressait était le reportage ou l’interview. Or j’ai été chef de rubrique ou rédacteur en chef ». Des postes où l’on sort peu de son bureau, contrairement à… Tintin. Alors que Descott aime fouiner, traquer, débusquer. Ses modèles ? « Les auteurs anglais du XIXème ». Ses amis ? « Conan Doyle, Stoker, Sherlock Holmes, Dracula… » : époque formidable.

Il recherche la perfection comme d’autres, le crime parfait

Tout aussi accro aux faits divers qu’à l’Histoire du spiritisme -de Conan Doyle, bien sûr-, l’auteur de Pavillon 38 (JC Lattès) -qui s’est écoulé à 100 000 exemplaires- met parfois jusqu’à deux ans avant de boucler un manuscrit. Dans son bureau « de 10 m2 sous les combles », il  fignole ses phrases, les peaufine, les affine. Il recherche la perfection comme d’autres, le crime parfait. A l’instar des spécimens réunis dans L’homme qui voulait cuire sa mère (Stock), que Descott a écrit avec la complicité de la psychiatre Magali Bodon-Bruzel. Quant à son dernier roman, Les variations fantômes (JC Lattès), il se passe dans un étrange château avec un médecin, médium à ses heures… « Actuellement, je lis un bouquin sur le satanisme », lâche Descott en finissant sa bière. Est-ce sa façon de s’instruire ou de se détendre ? Sans doute un peu des deux. Son prochain livre à paraître ? « Un document sur Joseph Vacher, le Jack l’éventreur du Sud-Est, dont l’histoire a inspiré Le juge et l’assassin à Bertrand Tavernier ». Descott poursuit donc son apnée au pays des damnés. A quand une compil’ de ses meilleurs morceaux -de cadavres exquis ?- dans une version remastérisée des Mémoires d’outre-tombe ?