C'est parti ! Immersion dans l'univers d'une fille « sans défaut apparent », inspirée par des dizaines de créatures croisées dans les « grandes virées » d’1 Epok. D’aucuns vont l’aimer, d’autres la détester, elle va en faire sourire certains, elle en désarçonnera d’autres, mais elle ne laissera personne indifférent. Attention : réalité à peine augmentée…

PREMIERE RENCONTRE

 

« Alerte, alerte sur les ondes, à la radio tout va bien / On vous chante la beauté du monde avec ce joli refrain / Souriez, obéissez, vous êtes ici, vous êtes filmé / Épargnez, dépensez, si vous avez des livres les brûler. »

C’est la guerre / Luke - Extrait de l’album Pornographie (Sony Music, 2015)

photo-sda-1En arrivant aux abords du Stade de France, à Saint-Denis, on a tourné, viré, jusqu’à une ancienne usine réhabilitée en une dizaine de logements. Pour entrer, pire qu’un bunker : double digicode, interphone, grille, sonnette. On allait à une soirée d’anniversaire. C’est là qu’on a vu SDA pour la première fois. SDA, pour « sans défaut apparent ». C’est le surnom qu’on lui a donné, d’emblée. Parce que cette brune passe-partout ressemblait à plein d’autres filles en jeans, bottines, pull qui dégueule et laisse apparaître une épaule, « it bag » aux allures de fourre-tout et chignon improvisé avec une barrette à paillettes. On est arrivé en même temps qu’elle dans cette copro’ du « neuf-trois », dont la cour débordait de vélos, charrettes, patinettes, poussettes. C’était Choupette, une pubarde, qui recevait dans l’appart’ de son pote Xav’, graphiste de son état.

Pinpin Safari, Prince de Lu et Autolib

Dans le salon, il n’y avait que des nanas. Xav’, aux fourneaux dans la cuisine ouverte, faisait un peu tache. Tâches ménagères aussi : il préparait des tapas et débouchait boutanche sur boutanche. Sur le canapé en velours côtelé marron, SDA refaisait le monde avec Choupette, juchée sur une paire de « Pinpin Safari » en serpent : « Je prends des cours de théâtre, avec un coach perso ». « C’est bien ? » « J’adore faire des choses qui tournent autour de la conscience du corps. Conscience de ce qu’il se passe physiquement en toi. Et puis mon coach me fait faire beaucoup de relaxation, beaucoup de yoga aussi... » En papotant du néant avec sa copine, SDA était en train de siffler son verre de rouge d’une traite. Puis elle a confié : « Demain, je postule pour un rôle de princesse dans une pub ». Allait-elle donner la réplique au Prince de LU ? En tout cas, à son actif, elle avait déjà du lourd. On a su qu’elle avait posé un lapin à un copain, on a vu qu’elle bouffait avec ses doigts. Mais son principal fait d’armes restait le jour où elle avait convaincu Steph’, un « warrior » qui avait partagé sa vie quelques semaines, de larguer sa Ducati « Monster » pour lui préférer... une Autolib. C’est une certaine Nini qui l’a dit.

Brochettes, selfies, Mac et mecs

Côté cuisine, Xav’ s’agitait. Après les tapas, il enchaînait avec des brochettes de poulet tandoori : « J’ai appris à les faire avec un cuisinier du passage Brady ». Tu m’en diras tant… La nuée de nanas s’était précipitée autour de lui pour s’empiffrer des brochettes fumantes et enfumantes. Les filles parlaient, se parlaient, tout en envoyant un SMS à Titine, un autre à Juju... Elles se montraient leurs fringues, leurs selfies, leur Mac, leurs mecs. « T’as vu Annette ? Elle a quitté Seb’ pour un type de quinze ans de plus qu’elle ». « Qu’est-ce qu’il en dit son psy ? » « Ben, c’est lui le type de quinze ans de plus... »

Mixage, mousse et choucroute dégarnie

Les filles se saoulaient de mots et SDA se saoulait tout court. En solo. Comme une grande. Elle ne tenait plus debout. Le canapé en velours côtelé lui paraissait hors d’atteinte. Elle avait alors échoué sur un pouf en cuir, rapporté d’un week-end au Maroc par Xav’. « J’espère qu’elle ne va pas vomir dessus, s’était inquiétée Choupette. Car on l’a vachement bien dealé au souk d’Essaouira ». Aux manettes d’une table de mixage, Nini s’était improvisée DJ. Elle nous faisait le coup des trois « K » : Keren Ann, mademoiselle K, les « Klermontois » de Kaolin. Et Dick ? Et Johnny ?... Les filles se trémoussaient, tandis que ça moussait dur du côté de Xav’ : il faisait un brin de vaisselle. SDA s’amusait beaucoup. Elle dansait. Elle riait. Et plus elle dansait, plus elle riait, plus tout faisait flipper. A commencer par les conséquences sur l’acuité visuelle du cocktail maison. On s’est cassé quand Choupette a pété le talon de sa « Pinpin » : « Oh ! Merde ! Ces pompes m’ont coûté une blinde. » En plein stress, en pleine détresse, son chignon n’était plus qu’une choucroute dégarnie. La fête s’est arrêtée net. Même Nini a cloué le bec aux Cats on trees, en coupant d’un coup sec sa table de mixage. A la semaine prochaine…