Talking head 1Le photographe Bruno Comtesse, fournisseur officiel de la majorité des images qui illustrent désormais 1 Epok, se souvient de son premier album des Talking Heads. A lui de jouer :

« Derrière la pochette sobrement excentrique de l’album Talking Heads : 77, j’ai d’abord vu une réponse américaine pertinente à la new wave. Un album déjà post-punk. A la première écoute, l’improbable single Psycho Killer et son entêtant « Fafafafafafafafafa…» masquent d’autres perles : The Book I Read (nana nana nanaaaaah), Don’t Worry About The GouvernementTalking Heads : 77 n’est donc pas l’album d’un single ravageur. C’est bien plus que ça. Pour moi, c’est aussi le souvenir de Margareth Shield. Elle était blonde, de Chicago et mannequin. Une bombe ? Bien mieux : une héroïne hitchcockienne. Elle était assise à coté de moi sur le siège 9A (côté hublot). Nous avions souvent travaillé ensemble. Nous éprouvions une certaine sympathie l’un pour l’autre. D’aucuns diraient que nous étions potes. Reste que c’est la désignation aléatoire des cartes d’embarquement qui nous avait placés ainsi. Les autres membres de l’équipe se trouvaient disséminés dans les rangées de l’Airbus. Direction Faro, au Portugal.

L’héroïne hitchcockienne métamorphosée en égérie rock

« J’y les ai vu juuer à Rhodes Island. C’itait le gruupe de la fac », m’avait-elle confié en désignant la cassette posée sur la tablette du siège, juste à côté de mon Walkman 2 Sony rouge. L’héroïne hitchcockienne s’était subitement métamorphosée en égérie rock. J’étais sous le charme. La semaine passée sur les plages d’Algarve ? Un rêve. Mise à part la température de l’océan. De retour à Paris, nous nous sommes revus. Je garde le souvenir d’une virée dans sa Spitfire rouge décapotée, le chauffage à fond, un jeudi de novembre pour une soirée Beaujolais nouveau. La cassette de Remain in Light dans l’autoradio. Puis, Margareth a emménagé avec un photographe, rue Fontaine. Non, je n’étais pas l’heureux élu. Moi, j’habitais au 23, à cent mètres de là… Compassion is a virtue, but I don’t have the time ».

Ce que Bruno Comtesse n’a pas écrit : « je n’ai jamais pu voir les Talking Heads sur scène. Deux fois de suite, j’avais pourtant acheté mes billets, notamment pour un concert à Mogador à l’orée des années 1980. Mais, à chaque fois, j’ai dû sécher, car je devais bosser ».