Voisins de wagon

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On pensait qu’en grimpant dans un TGV, on avait (enfin) l’occasion de bouquiner, grignoter, se poser, se reposer, regarder par la vitre, somnoler, rêver, avoir un peu la paix, faire un sourire à la jolie nana, papoter avec le type sympa… Et si cette tranquillité touchait à sa fin ? Le 23 mai prochain, la SNCF a décidé d’étendre la Fête des Voisins jusque dans le train. Autrement dit : si son voisin de wagon veut partager son sandwich rillettes-cornichons « fait maison », ce sera difficile de lui dire non. Quant à celle qui voudra commenter les derniers cancans de Closer, impossible de l’envoyer balader. Et je passe sur le wagon-bar qui va prendre des allures de café du commerce, avec une offre de restauration « spéciale Voisins à bord » : on va tous se parler, comme dans la cour d’immeuble une fois par an, pour soi-disant fêter le voisinage devenu copinage. Alors que le reste de l’année, on s’évite, on se frite… surtout en AG de copropriété. Epoque formid’ : maintenant, dans le train aussi, on va nous inciter -comme dans le bus et le métro- à la civilité. Exemples : descendre la valise de la vieille dame, garder un œil sur les enfants si le parent a besoin de s’éclipser, proposer de ramener quelque chose de la voiture-bar… La vie en communauté dans une société du tout à l’ego. Des « voisins solidaires » dans un monde de solitaires. Nous sommes plus de 100 millions de voyageurs à prendre le TGV chaque année. Ça en fait des voisins pseudo-copains. Plus efficace que Facebook ou Meetic. Mais cette vraie-fausse connivence a-t-elle vraiment un sens ? A part celui de la marche…