Arrière-boutique

candide

A Paris, dans le quartier de Saint-Germain, je connais une arrière-boutique dans laquelle j’aime aller refaire le monde, autour d’un café. Commenter l’actu, la dernière imposture, la meilleure désinvolture. La boutique, baptisée Freego –à cause d’un petit frigo d’appoint installé pendant la canicule de 1976- est planquée rue Jacob. L’arrière-boutique, cachée au fond d’une cour. En débarquant à Angers, je me suis souvent demandé où j’allais bien pouvoir papoter, échanger, à l’abri du regard des passants. Ça y est ! Je crois avoir déniché l’endroit, à deux pas de chez moi, rue Montault. Une sorte de cabinet de curiosités baptisé Candide, peuplé de bouquins anciens, gravures 18ème, dessins, tableaux, sculptures… Et, là aussi, il suffit de traverser une petite cour pour se retrouver dans l’arrière-boutique. On y vient parler ciné, littérature, sculpture, religions, Italie… Le temps s’arrête. On ne regarde plus sa montre. On ne pense plus aux drames qui font la Une des journaux. Aux aberrations entendues. Aux abus. Aux imbus d’eux-mêmes. On oublie que Carole Gaessler, sur RTL, a tendu son micro pendant une heure à Nabila et demandé à Lorànt Deutsch ce qu’il a fait de l’argent gagné avec son best-seller Métronome : « je suis en train de me faire construire une piscine sur l’île de Ré ». Une piscine au bord de la mer… Dans les coulisses, chez Candide, quand on parle de piscine, c’est de celle filmée par Jacques Deray. Epoque formidable.