Bilal au Louvre

Envie de parler anglais ? Foncez au Louvre ! Même au vestiaire, déposer un simple parapluie équivaut à échanger dans la langue de Shakespeare : époque formid’ ? Une escapade au Louvre pour voir quoi, à part touristes, poussettes, tablettes en guise de guide ? L’expo Bilal, bien sûr. Cela se passe dans la salle des Sept-Cheminées de l’aile Sully, avec vue sur la Seine, le Pont des Arts, l’Institut et la Tour Montparnasse. De la BD dans un musée ? Non, c’est mieux que ça. Bilal s’est baladé au Louvre, a photographié quelque 400 œuvres, a retenu 23 de ses clichés sur lesquels il a peint 23… fantômes. Ou plutôt 23 personnages dont le destin est lié à ces œuvres emblématiques du Louvre. Un exemple : Willem Tümpeldt, fils de coutelier, volait et collectionnait les couteaux. Habile –à tout point de vue- dans l’art coutelier, il croise la route de Rembrandt en 1655. Il va alors écorcher et ouvrir en deux, pour le peintre, une carcasse de bovin suspendue dans une grange. De ce bain de sang naîtra le tableau Le bœuf écorché, accroché dans la salle 31 de l’aile Richelieu du Louvre. Bilal propose ici une autre façon de visiter le musée, d’observer ses trésors, de découvrir l’histoire d’inconnus sans lesquels certaines toiles ou sculptures n’auraient jamais vu le jour. Comme ce portrait de la comtesse del Carpio, signé Goya et lié au triste sort des jumeaux Regodesebes… Promis : ça vaut le coup de parler anglais au vestiaire du musée parisien.

Enki Bilal, les fantômes du Louvre : jusqu’au 18 mars 2013 au Louvre. Aile Sully, 1er étage, salle des Sept-Cheminées.