Télé-réalité

 

Mercredi soir, France 2 diffusera en prime time le téléfilm Médecin-chef à la Santé. La réalisation est signée Yves Rénier, le rôle-titre tenu par Mathilde Seigner et l’histoire inspirée par le best-seller éponyme du Dr Véronique Vasseur (la tante de l’actrice, dans la « vraie vie »). Un ouvrage qui est né à la suite de l’un de mes articles parus dans les colonnes de Panorama du Médecin en octobre 1995. Un sujet de plusieurs pages sur le quotidien du médecin-chef de la seule prison située dans Paris. Un de ces reportages qu’on n’oublie pas. Et pour cause : entrer à la Santé en 1995, c’était voir le mitard, des cellules de 11 m2 pour quatre détenus, de la vermine dans bon nombre de matelas... A la sortie, c’était aussi accepter d’entendre de la part de tous mes confrères de la presse magazine que ce sujet n’intéresserait personne, en dehors d’un public de médecins, car « trop noir », « trop sordide », « trop violent ». Epoque formid’. Même son de cloche de la part de plusieurs éditeurs, lorsqu’en 1998, Véronique Vasseur décide de raconter son histoire dans un livre. Elle me demande de l’aide. Pour la quête d’un éditeur et la phase de rédaction. Le Cherche-Midi éditeur veut tenter le coup. Il n’y a plus qu’à écrire. Je me souviens encore de Véronique Vasseur me disant : « nous allons faire un best-seller ». Et moi, lui répondant : « si on en vend déjà 5 000 exemplaires, ce sera super ». En janvier 2000, le livre débarque dans les librairies. Les 5 000 exemplaires s’écoulent, en effet, mais… par semaine ! C’est le succès. L’opinion publique s’émeut. Les politiques s’en mêlent : en février, à l’initiative des présidents de quatre de ses groupes, à savoir Jean Arthuis, Josselin de Rohan, Henri de Raincourt et Guy-Pierre Cabanel, et de Robert Badinter, le Sénat constitue une commission d’enquête sur Les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France. Un rapport sera rendu public le mois de juin de cette même année 2000. Depuis ? La situation a peu évolué en prison. Quand je passe boulevard Arago, j’ai l’impression que seules les feuilles des arbres témoignent du temps qui passe. Pour le reste, tout paraît figé. Même si, douze ans après sa sortie, le livre de Véronique Vasseur fait l’objet d’un téléfilm. Diffusé à une heure de grande écoute. Avec mon nom au générique. Comme pour me rappeler que j’ai fait partie de cette aventure. Par hasard. Parce que j’ai eu l’idée, un matin de l’année 1995, de m’intéresser au médecin qui dirigeait la seule prison de la capitale. « Vous avez rendez-vous avec le Dr Vasseur », m’avait-on annoncé à la Direction de l’administration pénitentiaire. Pour moi, le Dr Vasseur était forcément un homme. Lorsque j’ai vu Véronique Vasseur pour la première fois, je l’ai prise pour une infirmière... or, le médecin dépêché au milieu de cette prison d’hommes, c’était elle.