24 minutes chrono

Est-ce bien raisonnable de traîner à la terrasse d’un café parisien un samedi après-midi, en plein week-end de Pâques ? Pas si sûr. Surtout lorsque l’on se retrouve à côté d’un couple de trentenaires en provenance de Manhattan, au Rostand, face au Luxembourg. Lui, scotché à son iPhone et caché derrière les verres fumés de ses Persol. Elle, moulée dans son jeans et perchée sur des talons aiguilles. Elle, fouillant dans son sac pour se donner une contenance, car son boyfriend papote au téléphone depuis un quart d’heure déjà. Seul au monde. Elle, faisant mine de choisir sur la carte de la brasserie. Le garçon vient prendre la commande. Ils ne sont pas prêts. Et pour cause : l’Américain à Paris est toujours en ligne. Au bout de 24 minutes chrono –j’ai eu le temps de terminer omelette + café-, ils ont enfin opté pour un croque-monsieur –pour lui- et un croque-madame –pour elle-. L’aventure. « Pouvez-viou niou servir assez vite, car niou sommes pressés », a dit l’Américaine réhaussée de 15 centimètres. On se serait cru dans un film comique. Un sketch au Point Virgule. Une farce… -et attrape ?- Preuve qu’il n’y a jamais de trêve dans l’absurdité de notre époque si formid’. Même durant le week-end de Pâques.