L’art de porter le foulard

De Nantes à Paris, ou de Paris à Nantes –c’est comme vous voulez / en tout cas, c’est sur cet axe que j’ai pu faire mes observations-, le carré Hermès se re-porte sur la tête. On le connaissait noué autour du cou, détourné en ceinture ou encore pour retenir des cheveux en queue de cheval. Mais sur la tête, c’était plutôt du temps de Grace Kelly et Audrey Hepburn. Or, depuis quelques semaines, certaines femmes s’emparent et se parent de nouveau du fameux carré, pour se protéger du vent, du froid. Lorsqu’on les suit, on a ainsi tout le loisir d’admirer le dessin du modèle porté, montré, assumé. Ça distrait dans le métro –époque formidable-. Ça permet de s’évader dans une file d’attente à la caisse d’un Franprix. Ça fait aussi penser à l’actrice Anna Thomson dans le film d’Amos Kollek, Sue perdue dans Manhattan. Totalement paumée dans une ville où elle ne trouve pas sa place, Sue ne se sépare jamais de son « carré H », modèle Promenade à Longchamp. Comme si c’était le seul vestige d’une vie passée meilleure. Le seul repère qui lui rappelle que le beau existe. Une sorte de second rôle dans ce long métrage. D’ailleurs, Sue porte son foulard jusque sur l’affiche du film. La maison Hermès a-t-elle déjà pensé à explorer la façon dont le 7e art a utilisé ses créations ? Un joli sujet de réflexion. Car le vêtement peut être source d’inspiration. Serge Gainsbourg n’a-t-il pas fait rimer la paire de Levi’s avec Caroll Lewis ? Oui, souvenez-vous : ça se passe dans les Variations sur Marilou, extraites de l’album L’Homme à tête de chou.