A l’heure des thés

Hier, midi pile, chez Angelina à Paris. La foule n’a pas encore envahi l’adresse mythique de la rue de Rivoli. Les touristes terminent leur nuit ou la visite d’un musée. Les employés de bureau sont encore en réunion. C’est le moment idéal pour un Earl Grey et une omelette dans le salon de thé rénové et déserté des mémés. Sur ma rangée, que des solitaires. Ma voisine de droite est plongée dans un bouquin aussi épais qu’un bottin. Quant à mon voisin de gauche, c’est le sosie de Peter Coyote dans Lunes de Fiel : aux armes ! Tout le monde carbure au thé. Y compris les trois copines échappées de Levallois, en goguette rive droite, qui picorent dans des salades, régime oblige. « Le dimanche, je fais le marché chez Tang Frères », s'exclame l’une d’elle, tout en mimant les yeux bridés des Chinois avec ses mains. Pas malin. Puis, la même parle en vrac de « mauvaises ondes », d’un voyage à l’Ile Maurice, de ses santiags, du pull qu’elle a acheté avec « Karl, Marc, John » inscrits dessus. Beurk. Et re-beurk lorsque la pendule affiche 13 heures et que Florian Zeller débarque. Il est suivi de près par plusieurs clones, abonnés eux aussi au « gel extra fixant 24 heures ». Epoque formidable : Zeller et ses groupies regroupées marquent la fin de l’heure des thés. Le début de celle du déjeuner. Il est grand temps de bouger.