Ce galet, trouvé par deux enfants sur une plage en Grèce, est devenu savon. Non par magie, mais par passion. Une drôle d’épopée à la fois familiale et personnelle, sous couvert de reconversion professionnelle…

La presse dans le sang

Elle avait la presse dans le sang. Ecole de journalisme à Sciences Po, premier job au New York Times, puis LCI, France 24, le site d’info Atlantico où elle était rédac’chef… jusqu’à prendre un peu de recul en créant une société de conseil en brand content. Après une dizaine d’années les pieds dans l’actualité, Charlotte Cabaton a tout arrêté. « Je voulais faire autre chose. » La presse, le stress du scoop toujours, l’instantanéité, l’immédiateté, elle ne s’y retrouvait plus. Fini l’info du jour qui chasse celle de la veille. « J’ai eu besoin d’un rapport à la matière », confie-t-elle. Une matière première qui a du sens et qui en donne à une nouvelle vie professionnelle. Changement de cap, donc. Quant au matériau qu’elle a souhaité travailler, former, transformer, Charlotte Cabaton l’a trouvé… par hasard. Ou plutôt à la conjonction d’une étude de marché et d’un séjour à l’Abbaye de Fontevraud avec, à la clé, la découverte d’une savonnerie près d’Angers. « En sortant de cette savonnerie, mon mari m’a dit : et pourquoi pas du savon ? » C’est parti comme ça. De retour à Saint-Cloud, où elle vit, elle a commencé à s’intéresser de près au sujet.

Croisade, « made in France » et fabrication à froid

Premier constat : « Je me suis aperçue que tous les lavants surgras, que j’utilisais, n’étaient pas bons pour ma peau. » Elle démarre alors une chasse aux idées reçues sur les méfaits du savon, une « croisade » pour proposer un produit « made in France » et une succession de tests pour arriver au bon équilibre entre des composants 100% naturels. A savoir : huile d’olive bio, hydroxyde de sodium, huile d’amande douce, miel bio et huiles essentielles – renouvelées au fil des mois, pour créer collections et séries limitées -. Le tout en provenance de France dès que c’est possible, sinon d’Europe. Avec un sourcing que Charlotte Cabaton réalise elle-même auprès de ses producteurs. A cela s’ajoute un processus bien particulier : la fabrication à froid. « C’est la méthode de saponification la plus respectueuse des ingrédients ». Et l’ancienne journaliste est elle-même à la manœuvre dans le laboratoire de la boutique qu’elle vient d’ouvrir à Saint-Cloud. Quant à la forme du savon, c’est celle du fameux galet trouvé sur la plage grecque par Paul et Carla. « Je leur avais donné pour mission de dénicher le plus beau galet », se souvient Charlotte Cabaton. Le galet « parfait ». Celui qui se glisse dans la pochette en lin qu’elle a imaginée pour chacune de ses créations. Celui qui a donné vie à Épopée 358 : une marque de savon qui fourmille d’histoires, jusqu’aux chiffres 3, 5 et 8 « qui sont les mois de naissance des membres de la famille ». On est loin des plateaux de télé, de l’urgence de l’actualité, de l’info en continu. De sa vie d’avant, Charlotte Cabaton ne regrette rien. Aujourd’hui, elle a une autre idée de la temporalité, elle perçoit son travail comme celui d’un artisan et n’utilise plus aucun mot anglo-saxon : « D’où les accents sur Épopée. »