Gamine, elle voulait être vétérinaire. Puis, hôtesse de l’air. Finalement, à 21 ans, elle va quitter Tourcoing pour Paris, avec l’envie de devenir mannequin. En attendant de décrocher le contrat de ses rêves, elle vend des chaussures, « chez Bally, avenue des Ternes ». Brigitte Lahaie se souvient : « C’était en 1976. » Installée sur un fauteuil, dans le hall de la Maison de la radio, elle multiplie les anecdotes de cette époque. « Les agences de mannequins ne voulaient pas de moi. On trouvait que j’avais une trop grosse poitrine. Alors quand j’ai vu une petite annonce dans France Soir où l’on recherchait une femme à forte poitrine, je me suis dit : c’est pour moi… » C’est comme ça qu’elle va approcher le milieu du X, dont les longs métrages étaient alors tournés en 35 mm. « Après mai 68, on était casse-cou. On goûtait à une liberté nouvelle. » Elle parle d’une « pulsion phénoménale vers les chemins de traverse ».

Bénazéraf, Pivot et « psycho-sexo »

Celle qui a participé aux belles heures du cinéma de José Bénazéraf et Francis Leroi jette un œil dans le rétro, sans nostalgie. Elle en sourit plutôt. Comme à l’évocation de son passage chez Bernard Pivot, sur le plateau d’Apostrophes, en 1987. Elle venait de publier son premier livre, Moi, la scandaleuse, et parlait porno, vie perso, face à André Pieyre de Mandiargues, Evelyne Sullerot, Francesco Alberoni et Ysabelle Lacamp : épisode un rien surréaliste, durant lequel elle a fait preuve de sincérité, d’humour, alors qu’elle était morte de trouille. L’éditeur Jacques Sadoul la remarque. Patron de J’ai Lu, il la publie en poche et l’incite à poursuivre dans l’écriture. Ce qu’elle va faire avec des romans, des documents et, aujourd’hui, des guides pratiques dans la collection « psycho-sexo » que vient de lui confier La Musardine. « J’adore écrire. Si je pouvais vivre de mes droits d’auteur, je ne ferais que ça. » Mais ce n’est pas encore le cas. Alors depuis 2001, chaque après-midi, elle dialogue avec les auditeurs de RMC et, depuis 2016, avec ceux de Sud Radio. « J’ai démarré sur Minitel en 1986, puis sur Audiotel, CanalWeb… C’est une suite logique dans mon parcours lié à la sexualité : d’abord le corps, ensuite la voix. »

« Un mec, c’est pratique. Il faut juste le dresser… »

« Accoucheuse d’âmes », comme elle dit, et non plus mangeuse d’hommes, Brigitte Lahaie se fait discrète. On la voit peu ou pas dans les pages people. Chaque jour dans le studio de Sud Radio, « je suis dans ma bulle. Je ne vois pas les deux heures passer ». Ensuite direction la campagne, à une cinquantaine de kilomètres de la tour Eiffel. C’est là qu’elle vit depuis 1990, avec ses cinq chevaux, des chats, des chiens. C’est aussi là qu’elle écrit. Son dernier bouquin ? Réussir son couple, c’est possible ! (La Musardine). Un constat dont elle est convaincue. Même à l’heure des rencontres sur le Net : « Toute nouveauté technologique est un plus, si on sait s’en servir. C’est comme le téléphone portable, il faut savoir s’en détacher. » Quant à la vie à deux : « Un mec, c’est pratique. Il faut juste le dresser… » Elle se marre. « J’ai toujours assumé mes choix. Je suis une femme libre. » Libre et libérée. D’ailleurs, en février 2018, elle publiera chez Albin Michel « un essai sur l’évolution de la sexualité depuis les années 1960 ». « Les femmes d’aujourd’hui se croient libres, mais ce n’est pas si sûr. Surtout quand j’entends des auditrices me confier qu’elles ne prennent pas la pilule parce que ça donne le cancer… La quête de liberté, c’est ce qui a guidé ma vie et une chose est sûre : ce n’est pas le salaire qui rend libre. »